• se libérer
    se libérer

    Intégrer des expériences difficiles ou douloureuses par la thérapie des schémas, l'EMDR-DSA®, l'intégration du cycle de la vie®.

  • comprendre et transformer
    comprendre et transformer

    Se libérer des troubles anxieux, dépressifs, somatiques ou dysfonctionnels, en mettant à jour ses encodages expérientiels et émotionnels, vers la transformation et l'évolution.

  • évoluer
    évoluer

    Préserver sa santé au travail par la psychologie clinique du travail, retrouver ses points d'appui et développer de nouveaux horizons.

  • s'équilibrer en couple
    s'équilibrer en couple

    Identifier les ressources et forces du couple pour traverser les épreuves ensemble.

Marie-Christine Abatte

L'apparence requiert art et finesse. La vérité, calme et simplicité.

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Psychologue, thérapeute, j'aide les personnes qui le souhaitent à retrouver du sens, un nouvel équilibre, un mieux-être, un développement, ou une nouvelle direction à leur parcours de vie.

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L'épuisement professionnel et le burn-out apparaissent souvent insidieusement, les manifestations sont variées et résultent des sollicitations auxquelles l'individu doit faire face au travail : fatigue psychique et émotionnelle, irritabilité, troubles de la mémoire ou de la concentration, difficultés relationnelles. 

Spécialisée en clinique de l'activité, je vous accompagne dans le cadre d'une période difficile ou douloureuse au travail, pour retrouver une dynamique de carrière, un bien-être et une meilleure qualité de vie.

  • Stress au travail & burn-out

Le stress au travail est un déséquilibre entre ce que l'on demande à une personne de réaliser au travail, et les ressources dont cette personne dispose pour le faire. Le stress au travail qui tendrait à durer va impacter la santé de la personne, mais aussi le fonctionnement de l'entreprise elle-même. Des solutions existent dans les 2 cas.

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Vie personnelle

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Largement connues aujourd'hui du grand public, l'EMDR® contribue à relancer le processus de traitement cérébral de l'information. La désensibilisation par des stimulations sensorielles alternées (DSA), vise à débloquer les émotions empêchées pour une libération profonde et durable.

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L'Intégration du Cycle de la Vie® est une technique nouvelle issue des avancées des neurosciences qui permet, sur quelques séances, de réparer un événement précis et, sur un temps plus long, d'apporter un apaisement et une base de sécurité dans le cas de traumatismes complexes.

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Les troubles psycho-émotionnels, somatiques ou idiopathiques sont en lien avec une adaptation-défense du cerveau à la suite d'un stress important, d'un choc ou d'un traumatisme. Les thérapies psycho-émotionnelles permettent, par un micro-choc en retour, de s'en libérer.

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Issue des thérapies cognitives, l'hypothèse de travail en schémathérapie ou Thérapie des schémas, est que les problématiques faisant souffrir l'individu viennent de l'enfance et de l'adolescence. L'émotionnel est au centre de la démarche, l'individu est aidé à faire le lien entre l'actuel et son vécu antérieur d'enfant, à repérer et à comprendre son fonctionnement, et modifier les schémas vers des comportements plus sains.

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La thérapie du couple est une démarche thérapeutique pour découvrir le mode de fonctionnement/dysfonctionnement du couple. C'est le couple qui est accompagné et soutenu pour traverser la crise.

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CLOWNS : ARTISTES DU CHAOS

Nicholas est un homme d’affaires redoutable, froid, héritier d’un empire. Sa vie, organisée à l’extrême, n’a d’égal que sa platitude relationnelle, ou le glacial du marbre de la cuisine de sa somptueuse villa. Tout y est anticipé, contrôlé, calculé, et son anniversaire prochain n’est qu’une formalité pénible pour lui. Nicholas semble blasé de tout, y compris de la vie.

Pourtant, ce soir-là, en rentrant chez lui, une étrange vision l’arrête net : une marionnette-clown, allongée en travers de son allée, déposée là comme une invitation mystérieuse ; elle semble l’appeler à un jeu

Un clown, ambassadeur d’une facétie… ou d’un piège sérieux.

 

Les bouffons tragiques

Les clowns trouvent leurs racines dans les plus anciennes traditions du théâtre comique. Dès l’Antiquité grecque et romaine, on croise des figures similaires : Bromios, avatar de Dionysos, les serviteurs moqueurs des comédies d’Aristophane, ou encore les bouffons et fous de cour du Moyen Âge. Tous partagent une même essence : la transgression des normes, le renversement des codes, et une satire sociale incarnée dans l’absurde.

Le terme « clown » apparaît en Angleterre vers 1550, dérivé de clod, signifiant « motte de terre », suggérant l’image d’un paysan rustre et naïf. Les premiers clowns de théâtre, à l’instar de Richard Tarlton et William Kemp, improvisaient des scènes burlesques à la fin des tragédies shakespeariennes, offrant au public un contrepoint léger aux drames plus lourds.

 

Du théâtre au cirque

Avec l’essor du cirque au XVIIIe siècle, le clown devient une figure centrale. Joe Grimaldi, pionnier du clown moderne, introduit un jeu burlesque mêlant pantomime et expressivité exacerbée, accentué par un maquillage outrancier. À sa suite, l’Auguste — personnage maladroit et extravagant — s’impose, incarné par des légendes comme Grock, Popov ou Zavatta.

Au XXe siècle, le clown se popularise encore davantage, s’invitant au cinéma burlesque avec Charlie Chaplin et Buster Keaton. Il devient alors une icône du comique, oscillant entre innocence et subversion.

 

Une étrange peur

Si le clown est censé faire rire, il inspire aussi la peur. 

La coulrophobie ou peur irrationnelle des clowns, constitue un phénomène psychologique répandu.

Pourquoi une figure joviale peut-elle générer une telle angoisse ? Le maquillage outrancier du clown fige son visage dans une expression unique et artificielle : un sourire figé, des yeux disproportionnés, un nez rouge criard. Cette exagération du familier le rend inquiétant.

Freud évoque dans son concept « d’inquiétante étrangeté[1] » cette sensation de malaise provoquée par quelque chose de connu qui devient subitement étrange. Le visage humain, normalement vecteur de reconnaissance et de lien social, se trouve déformé par un maquillage qui en exagère les traits jusqu'à la caricature. Le clown incarne parfaitement cette dissonance : son apparence humaine est si déformée qu’elle devient perturbante, comme un masque qui empêche toute lecture authentique des émotions.

Ce paradoxe trouve un écho dans les expérimentations de Mary Ainsworth sur l'attachement[2] : Dans ses expériences[3], un enfant vit une situation apparemment banale - être dans une pièce avec sa mère - qui devient source d'anxiété par l'introduction d'éléments perturbateurs. Tout comme le maquillage du clown transforme le visage rassurant en masque inquiétant, le protocole d'Ainsworth transforme un contexte familier en source de stress. Dans les deux cas, c'est précisément la déformation du familier qui génère l'anxiété quand le visage devient masque, les émotions artificielles. On appelle « dissonance cognitive[4] » cette tension particulière entre le connu et l'inconnu qui caractérise l'inquiétante étrangeté, ce qui met le spectateur mal à l’aise. 

 

Bouffon malgré lui

Nicholas, l’homme d’affaires implacable, est déjà, sans le savoir, le bouffon de sa propre existence. Prisonnier d’un sérieux oppressant, il incarne l’opposé du clown : rigide, méthodique, inflexible.

Son frère Conrad décide alors de briser cette rigidité en lui offrant un cadeau énigmatique : une carte-cadeau, invitation pour un jeu « récréatif » et mystérieux, conçu pour se déployer lorsque toutes les conditions seraient réunies.

Cette intrigue n’est autre que celle de The Game[5], le film de David Fincher où Michael Douglas incarne Nicholas Van Orton, face à Sean Penn dans le rôle de Conrad. Un thriller psychologique où l'homme de pouvoir, persuadé de son contrôle absolu, se retrouve prisonnier d'un engrenage chaotique élaboré pour le pousser à bout… et le libérer.

 

How fragile we are[6]

Le clown se moque de l’autorité, incarne le chaos et l’absurde. Le “jeu” se transformera en épreuve absurde et en chaos, pour amener Nicholas _ l’homme autoritaire et contrôlant _ à affronter son adversaire le plus redoutable : l’imprévu. 

Au départ, Nicholas joue avec cynisme : il veut prouver qu’il ne peut pas être surpris.

Autant flatté que convaincu d’être au centre d’une mise en scène sophistiquée, il cherche à décrypter les mécanismes du jeu, d'en comprendre les rouages, d'anticiper les pièges tendus. Mais peu à peu, il perd pied. L’homme qui contrôlait tout n’est plus qu’un clown désespéré dans une tragédie dont les règles lui échappent. Il chute, littéralement et métaphoriquement, avant d’atterrir sur une croix placée là pour lui, point d’orgue d’une machination qui le dépasse.

 

« Discovering the object of the game, IS the object of the game[7] »

En anglais, « game » signifie à la fois “jeu” et “gibier”.

Au Québec, le film The Game sort sous le titre évocateur  de “Jouer avec la mort”.

Ce jeu macabre n’a pourtant qu’un but : ramener Nicholas à la vie. 

De magnat puissant et distant, il devient une proie traquée, forcée de redécouvrir son instinct primordial de survie. C’est aussi le paradoxe du clown : celui qui fait rire est aussi celui qui chute, celui qui trébuche ; celui qui, par sa maladresse, révèle l’essence même de l’existence.

Le jeu orchestré par CRS, la société organisatrice de jeux sur mesure,  a forcé Nicholas à abandonner ses certitudes, à toucher le fond pour renaître.

Nicholas a fait l’expérience de la fragilité.

Et il a appris que l’on peut se relever de tout, à condition d’accepter de lâcher prise.

 

Parfois, la vie elle-même envoie de mystérieuses cartes-cadeaux : une séparation, une maladie, une perte…La vie, une aire de jeu sérieux ? Certains y verront une opportunité d’y jouer, de se donner en spectacle, ou de se transformer durablement.

 

 

- Marie-Christine Abatte - Psychologue & thérapeute


 

[1] Inquiétante étrangeté, « Unheimlich » en allemand

[2] https://ligue-enseignement.be/la-theorie-de-lattachement-bowlby-et-ainsworth

[3] « La situation étrange » : https://podeduc.apps.education.fr/video/3527-video-1-situation-etrangemp4/?is_iframe=true

[4] Pour aller plus loin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dissonance_cognitive

[5] https://www.youtube.com/watch?v=SK0Pqh2fH2k

[6] Chanson écrite par Julio Iglesias et chantée par Sting (1994)

[7] Réplique du film The Game

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DE LA CREME AU BEURRE : ENTRE SURVIE ET RESILIENCE

Comme le disait Victor Hugo, « les plus désespérés sont les chants les plus beaux ». Cette vérité résonne particulièrement dans une histoire simple mais profonde, celle de deux souris confrontées à leur destin dans un seau de crème. Une parabole rendue célèbre par le film "Arrête-moi si tu peux" de Steven Spielberg, mais dont la portée dépasse largement le cadre cinématographique pour toucher aux fondements mêmes de notre capacité à survivre et à nous transformer.

 

La métaphore du seau de crème

 

Cette histoire, c’est celle exposée par Frank Abagnale _ père de Franck Abagnale Jr. incarné magistralement par Leonardo Di Caprio  _ lors d’un discours au Rotary Club devant un parterre de personnalités influentes : « Deux petites souris tombent dans un seau plein de crème. La première souris abandonne très vite la lutte et se noie. La deuxième souris ne renonce pas, elle se débat tant et tant qu’elle finit par transformer la crème en beurre. Et elle sort du seau... 

Messieurs, à partir de cet instant, je suis la deuxième souris ! »

Cette histoire nous rappelle les célèbres mots de Nietzsche : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». Au-delà de l'adage populaire, cette métaphore illustre une réalité psychologique plus profonde : la capacité de transformation face à l'adversité.

 

Entre neurobiologie et psychologie : les fondements de la survie

 

Steven Spielberg nous offre une fascinante illustration de virtuosité entre confiance en soi et instinct de survie, mettant en scène l’histoire vraie d’un adolescent de 16 ans connu pour être l’un des escrocs les plus recherchés des Etats-Unis dans les années 60, Franck Abagnale Junior.

Il est fascinant de noter que Steven Spielberg lui-même, ayant traversé le divorce difficile de ses parents à l'adolescence, a su transformer cette épreuve en force créatrice. Cette résonance personnelle avec l'histoire qu'il met en scène illustre comment nos expériences les plus douloureuses peuvent devenir le terreau de nos plus grandes réalisations.

C'est l'amygdale cérébrale, cette structure ancestrale nichée au cœur de notre cerveau, qui joue un rôle crucial dans notre réponse au stress. Comme l'expliquent LeDoux et Pine (2016), elle orchestre une combinaison de réactions qui peuvent soit nous paralyser _  à l'image de la première souris _  soit nous propulser vers la transformation  comme la seconde.

 

De la crème au beurre

 

Albert Camus écrivait : « Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été ». Cette image poétique trouve son écho dans les mécanismes de la neuroplasticité cérébrale. Nos expériences, même les plus éprouvantes, modifient littéralement l'architecture de notre cerveau (Davidson & Begley, 2020). La transformation de la crème en beurre n'est pas qu'une métaphore, elle illustre comment nos efforts persistants peuvent modifier la structure même de notre réalité.

 

La résilience face à l’adversité, un héritage ?

 

Nos capacités à transformer l'adversité en opportunité s'inscrivent dans un dialogue constant entre notre héritage et notre construction personnelle. Les travaux de Dweck (2017) sur la mentalité de croissance nous montrent que cette capacité de transformation n'est pas innée mais peut se cultiver. 

« Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui » dit Paul Ricoeur. Cette transformation nécessite souvent un regard extérieur, un accompagnement, une reconnaissance de nos capacités en devenir.

 

Au-delà de la métaphore, l'histoire des deux souris nous rappelle que face à l'adversité, nous avons toujours le choix. Non pas le choix des circonstances bien sûr, mais celui de notre réponse. Comme le jeune Franck Jr écartelé entre un père déclassé et pathétique, et une mère tantôt proche, tantôt lointaine, « ce qui importe n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-même de ce qu'on a fait de nous » (Sartre).

Plus qu'une histoire de persévérance, la transformation de la crème en beurre est une invitation à reconnaître notre capacité innée à transformer nos obstacles en opportunités, nos difficultés en forces. 

Une invitation à devenir, comme le suggérait Frank Abagnale, « la deuxième souris ».

 

Car au fond, comme nous le rappelle cette histoire, la résilience n'est pas tant dans notre capacité à résister qu'à nous transformer. Elle réside dans cette alchimie subtile qui transforme nos épreuves en expériences, nos obstacles en tremplins, notre crème en beurre.

 

Marie-Christine Abatte - Psychologue et thérapeute

 

Références

 

Davidson, R. J., & Begley, S. (2020). *The emotional life of your brain: How its unique patterns affect the way you think, feel, and live - and how you can change them.* Penguin Books.

 

Dweck, C. S. (2017). *Mindset: Changing the way you think to fulfill your potential.* Robinson.

 

LeDoux, J. E., & Pine, D. S. (2016). Using neuroscience to help understand fear and anxiety: A two-system framework. *American Journal of Psychiatry, 173*(11), 1083-1093. https://doi.org/10.1176/appi.ajp.2016.16030353

 

Citations littéraires et philosophiques référencées :

- Albert Camus, *L'Été* (1954)

- Victor Hugo, *Les Chants du crépuscule* (1835)

- Friedrich Nietzsche, *Le Crépuscule des idoles* (1888)

- Paul Ricœur, *Soi-même comme un autre* (1990)

- Jean-Paul Sartre, *Saint Genet : comédien et martyr* (1952)

 

Terminologie :

Plasticité cérebrale https://fr.wikipedia.org/wiki/Plasticité_neuronale 

Référence cinématographique :

Spielberg, S. (Réalisateur). (2002). *Catch me if you can* [Film]. DreamWorks Pictures.https://www.youtube.com/playlist?list=PLw0Bto8kaPJp_6tDO0IH5EbLkCUt0bb3r

https://fr.wikipedia.org/wiki/Steven_Spielberg

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PANIQUE, UN CRITIQUE ETAT

Lisia est une aficionada[1] d’art taurin. Elle suit assidument _ le plus souvent avec toute sa famille _ les courses taurines de son village et des villages avoisinants, du printemps à l’automne. Malheureusement, elle n’a pas pu voir les taureaux passer devant la foule lors de l’encierro[2] ce dernier dimanche d’août. Un important vertige, la vision devenue floue et le souffle court, des battements de cœur très accélérés et une sensation d’oppression l’avaient amenée à terre, puis au poste de secours. 

Alitée pendant près d’une heure « comme dans le brouillard », après transpirations et tremblements, elle était rentrée chez elle, soutenue par sa famille mais encore oppressée et perturbée. Elle dit ne pas comprendre ce qui lui est arrivé. Certes, la foule dense, les records de chaleur, l’effervescence et l’enthousiasme étaient réels, mais rien qui pour Lisia puisse expliquer cette crise où elle a cru mourir. Peu après, le médecin des pompiers venu l’ausculter lui annonce « Vous avez eu une attaque de panique. »

Paniquer, vient de « panikos » en grec, qui renverrait au dieu Pan, le dieu « qui troublait les esprits[3] ». « Dans la guerre des Titans contre Jupiter, Pan fut le premier qui jeta la terreur[4] dans le cœur de ces Géants », un dieu « inspiré par les forces invisibles et mystérieuses de la nature. » 

La panique serait dans sa définition « une grande peur, une terreur qui survient de manière subite et violente, en troublant l'esprit et le comportement »[5] ; ou « une vive terreur, soudaine et irraisonnée, souvent dénuée de fondement qui affecte le plus souvent un groupe ou une foule, et provoque de grands désordres. »

 

 

Désordre troublant

 

On sait aujourd’hui que 5 à 30 % de la population connaitra une crise de panique au cours de sa vie, avec une proportion de 2 femmes pour un homme. Une attaque de panique (ou crise d'angoisse aiguë) est un épisode de peur soudaine et de haute intensité. L’attaque de panique n’est pas un trouble en tant que tel, mais les symptômes et manifestations de l’épisode-panique _ bien que délimité dans le temps _ peuvent être véritablement impressionnants. En effet, les personnes qui vivent une crise de panique ressentent pendant plusieurs minutes un sentiment de terreur, accompagné de symptômes physiques intenses. La durée totale d’une crise varie de quelques minutes à une heure, voire un peu plus, avec une moyenne de 20 à 30 minutes[6]. Pendant cet épisode, la personne atteinte a l’impression de ne plus du tout maîtriser la situation.

 

Sonner l’alarme

 

L’attaque de panique est un accès de peur ou de malaise intense, en une montée parfois très rapide et qui atteint son point culminant avec la manifestation d’au moins 4 symptômes tels que :

 

  • Des palpitations, des battements de cœur perceptibles ou accélérés
  • Sueurs
  • Tremblements
  • Sensations de dérobement des jambes (impression que l’on va tomber).
  • Essoufflement, souffle coupé, sensation d’étouffement
  • Gorge qui serre, sensation d’étranglement
  • Oppression ou gêne thoracique
  • Gêne abdominale
  • Vertiges, nausées
  • Frissons ou bouffées de chaleur
  • Sensation de fourmillements ou d’engourdissement (paresthésies)
  • Flottement, sensations d’irréalité (déréalisation)
  • Peur de perdre de contrôle, de perdre l’esprit
  • Peur de mourir

 

Non-dysfonctionnelle, l'attaque de panique est en réalité une réaction physiologique d'alarme qui permet à l’organisme de se préparer à faire face à un danger, qu’il évalue comme sérieux et immédiat. Il se déclenche alors un ensemble de manifestations, certes pertinentes mais potentiellement aussi désagréables qu’incomprises. 

 

Face à la menace

 

Face à une menace ou un danger, le système corps-esprit se met en état d’urgence vital absolu. Comme chez la plupart des mammifères, des manifestations biophysiologiques utilisent l’énergie et les ressources du sujet dans un objectif de survie. 

L’amygdale cérébrale _ cette petite zone cérébrale qui gère les émotions _ envoie un signal à l’hypothalamus, qui lui-même stimule le système nerveux pour que les glandes surrénales produisent plus d’adrénaline. Il y a accélération du rythme cardiaque (tachycardie), augmentation du rythme respiratoire pour plus d’oxygène (hyperventilation), une vasoconstriction au niveau de la peau (horripilation) déclenche le hérissement des cheveux et des poils[7]. Le sujet est pale car le sang est mobilisé stratégiquement, la pression artérielle est accrue. Un afflux massif de sang et de sucre arrive aux muscles pour agir, au cerveau pour réfléchir, au cœur qui est l’organe du combat, le tout en vue d’une action intense et imminente. 

La transpiration augmente pour « refroidir la machine », à contrario de certaines fonctions qui s’arrêtent momentanément, comme la digestion (péristaltisme). Il existe parfois des douleurs abdominales, voire des pertes d’urines ou de selles _ car en phase de menace, manger, digérer ou encore contrôler les sphincters n’est plus une priorité. 

L’énergie est utilisée ailleurs. 

 

Réflexes primitifs critiques

 

Le danger et la phase aiguë passés, des tremblements contribuent à l’évacuation du stress et des tensions. A noter que les tremblements et secousses musculaires _ souvent interprétés comme une manifestation de froid ou de peur _ permettent au contraire « d’éteindre la peur », en évacuant l’énergie mobilisée pour la situation critique.

Il existe plusieurs définitions de la « criticité » : Nous retiendrons qu’elle suppose de manière générale « d’amener un changement » ou encore « d’arriver à une phase finale » pour une pathologie[8] notamment. Elle peut inciter également à porter un regard sur « l’occurrence, la gravité et les conséquences » d’une situation _ pour résumer succinctement la méthode AMDEC[9] _ ou encore elle est une vigilance sur des « réactions en chaine non désirées » comme dans le domaine de l’ingénierie nucléaire par exemple. 

Toutes ces réactions physiologiques sont sous le contrôle du SNA[10] ou système nerveux autonome sympathique. Il s’agit de réactions justifiées et adaptées en situation de danger pour rendre possible l’une des deux options réflexes en cas de menace : la fuite ou l’attaque, en fonction des possibilités. Chaque crise de panique va donc mobiliser et puiser dans les ressources physiques et psychiques, laissant place à un intense épuisement.

 

 

Réactions en chaine ?

 

La fréquence et l’intensité des crises de panique peuvent devenir envahissante pour la vie de la personne qui les subit. Personnelle, sociale ou professionnelle, la vie peut devenir problématique et source d’inquiétudes, entraînant le sujet à vivre dans la peur constante d'un nouvel épisode de panique. 

 

Mario est employé d’agence bancaire. Il se réveille souvent en sueur au milieu de la nuit, le cœur battant la chamade, terrorisé mais sans raison apparente. Il a souvent des idées qui tournent en boucle, sa dernière angine _ il y a quelques jours _ lui avait amené des pensées tenaces et funestes de cancer de la gorge. Il se plaint de fréquentes palpitations cardiaques et craint l’infarctus. 

C’est son premier contrat de travail dans cette enseigne bancaire, après une longue période sans emploi, puis de remplacement et de missions de travail temporaire. Mario est fatigué par son sommeil fractionné mais ravi de cette opportunité, autant qu’il est conscient de l’enjeu : il s’installe bientôt avec Julia _ qui vient de découvrir sa grossesse _ et il doit passer positivement la barrière de la période d’essai pour remplir les conditions locatives de leur futur appartement. Mais en descendant dans la salle des coffres un matin _ un espace feutré qu’il connait pourtant très bien _ il avait senti ses mains trembler et « une pointe au cœur », convaincu de vivre le signe avant-coureur de la crise cardiaque tant redoutée. La pensée qu’il allait mourir et laisser Julia et son futur bébé seuls dans la vie l’avait terrifié.

 

Quand les attaques sont récurrentes et inattendues, on ne parle plus d’attaque isolée mais de trouble panique. Si ressentir de l'anxiété dans certaines occasions est tout à fait normal, on parle de « trouble panique » lorsque les crises de panique sont répétitives et imprévisibles. 

Le trouble panique fait partie de la grande famille des troubles anxieux[11]. Car dans le cas du Trouble Panique (TP), cette réaction n'est évidemment pas appropriée à la réalité puisque le danger n'est pas réel, mais plutôt perçu comme tel par la personne. Dans le trouble panique, il y a installation d’une crainte durable d’une nouvelle attaque, avec des comportements d’évitement, installant et verrouillant un cercle vicieux.

 

Seul ou combiné

 

Le DSM-5[12] recense le Trouble Panique (TP), et précise que ce trouble peut s’associer ou non à d’autres troubles (agoraphobie, stress post-traumatique…). Pour qu’il y ait Trouble Panique, il doit y avoir des attaques de panique récurrentes et inattendues comme évoquées plus haut, associées soit à une crainte persistante que surviennent d’autres attaques de panique ou de leurs conséquences (perte le contrôle, perdre l’esprit ou la vue, faire une attaque[13] etc…) ; soit à un changement de comportement significatif et inadapté en relation avec les attaques comme l’évitement par exemple (situations, lieux…).

La tétanie (contraction musculaire) et la spasmophilie (tendance aux spasmes) sont deux diagnostics souvent formulés après une crise d’angoisse plus ou moins spectaculaire. La plupart des chercheurs[14] pensent actuellement qu’elles sont des manifestations du Trouble Panique[15].

 

Anticipation

 

Éviter les espaces publics par exemple ne préviendra pas les attaques de panique. Au contraire, cela peut renforcer le principe d’évitement et le « chroniciser ». Aussi désagréable et impressionnante que soit une attaque de panique intense, elle ne dure en général que quelques minutes et n’entraine pas le décès. De même, il est impossible que la personne s'évanouisse, car l'organisme est hyper-activé. Si une crise survient, la meilleure chose à faire est de rester sur place et de respirer lentement jusqu’à ce que la crise s’arrête (quelques minutes). Cependant les manifestations physiques intenses et les interprétations « alarmistes » et démesurées de la personne augmentent l’angoisse[16] : Elle craint de s’évanouir, de mourir, de « devenir folle », de se trouver dans un monde irréel ou de perdre le contrôle d’elle-même, ainsi renforçant la réaction physiologique d'alarme et créant le cercle vicieux de l'attaque de panique : la personne développe une anxiété anticipatoire, que l’on pourrait résumer par « la peur d’avoir peur ».

 

Agora[17]

 

L’agoraphobie peut se coupler au Trouble panique. L’agoraphobie est définie comme l'appréhension démesurée de tous les endroits ou situations, dont on ne pourrait sortir facilement en cas de crise ou d'attaque de panique, et dans lesquels on ne pourrait pas être aidé ou secouru (lieux clos ou au contraire vastes espaces vides, locaux publics et grands magasins, foule, transports en commun, ascenseurs…). 

Ces situations déclenchent, chez la personne agoraphobe, des états d'anxiété et des malaises qui la limitent alors dans ses possibilités de déplacement.

 

 

Lisia a très mal vécu son épisode panique. Elle se disait en souffrance psychique depuis, de par l’incompréhension de son trouble. 

 

Nous avons travaillé sur « les interprétations catastrophistes » des manifestations physiologiques qu’elle traduisait plus ou moins inconsciemment comme le signal d’un danger vital.

Lisia comprends mieux ce qui se passe dans sa vie, et ce qui l’effraie. Elle a aussi porté un œil plus juste sur cet enchainement de manifestations, dont l’objectif concret est de donner « toute la puissance » à son système corps-esprit en situation « d’alarme apprise ». Elle a pris conscience de son discours intérieur, de l’origine de ses croyances dramatiques, et de ses stratégies de contrôle devenues inefficaces.

Elle a intégré des méthodes de retour au calme et appris à poser de la distance face à ses perceptions de situation et ses pensées dysfonctionnelles. 

 

Mario a saisi le mécanisme du programme d’hyper-vigilance qui tournait en boucle dans son esprit, « changé son Mindset » de lutte pour se sentir en sécurité. En intégrant que le danger n’existe que dans sa perception inconsciente de la situation comme « une affreuse certitude[18] », il a notamment appris à respecter ses limites et à se reposer, sans culpabilité.

 

Marie-Christine Abatte

Psychologue et thérapeute


 

[1] Aficionada (de l’espagnol « amateur ») :  Qui est passionnée, adepte de, fanatique.  Wikipedia.org

[2] Encierro (de l’espagnol « enfermement ») : Désigne le trajet des taureaux des corrales aux arènes, plus globalement il s’agit de lâchers de taureaux de Camargue sur un parcours clos. (…) Les villageois à pied excitent les taureaux et leur échappent en se réfugiant sur des ballots de paille ou derrière des barrières. Wikipedia.org

[3] Selon le dictionnaire de Littré (1872-1877)

[4] Régine Borderie « Sur la panique : mythe, figures, savoirs. » Dans Poétique 2011/2 (n° 166), pages 215 à 227

L’Histoire nous apprend que Pan, alors qu’il accompagnait Bacchus lors d’une expédition aux Indes, trouva le moyen de semer la terreur au sein de l’armée ennemie avec l’aide d’une petite compagnie et de ses clameurs dont il parvint à tirer un bon parti grâce à l’écho des parois rocheuses et des cavernes de cette vallée boisée. Les hurlements rauques renvoyés par les grottes, ajoutés à l’aspect repoussant de lieux aussi sombres et déserts, suscitèrent chez les ennemis un tel sentiment d’horreur que, parvenus à cet état, leur imagination les aida à entendre des voix et sans aucun doute à voir aussi des figures plus qu’humaines ; pendant ce temps-là, le caractère incertain de ce qu’ils redoutaient augmentait l’intensité de leur crainte et des regards furtifs la propageaient plus rapidement que n’importe quel récit. Voilà ce que les hommes ont après coup appelé une panique. https://www.cairn.info/revue-poetique-2011-2-page-215.htm

[5] « Et la pantomime éternelle de la terreur panique a si peu changé, que ce vieux monsieur à qui il arrivait une aventure désagréable dans un salon parisien, répétait à son insu les quelques attitudes schématiques dans lesquelles la sculpture grecque des premiers âges stylisait l'épouvante des nymphes poursuivies par le Dieu Pan. » Proust, Prisonn., 1922, p.317.

[6] AMELI : https://www.ameli.fr/gard/assure/sante/themes/trouble-panique/symptomes-diagnostic-evolution#:~:text=En%20cas%20de%20trouble%20panique,la%20répétition%20de%20l%27attaque.

[7] Principe biophysiologique, un mécanisme utilisé par les chats ou les oiseaux pour se montrer plus menaçants face à l’adversaire en situation de danger.

[8] Dictionnaire Littré, 1762

[9] L’AMDEC est l'Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de leur Criticité. L'AMDEC est un outil utilisé dans la démarche d’analyses et de prévention des risques. Elle identifie les points de défaillance d’un produit, d’un procédé ou d’un processus, qui sont susceptibles de compromettre la qualité ou de pénaliser la performance.

[10] Le SNA, système nerveux autonome, dirige les fonctions involontaires du corps, celles que le corps contrôle de lui-même. Il est composé d’un ensemble de neurones régulant les fonctions automatiques de l’organisme en modulant la respiration, le muscle cardiaque, les vaisseaux, les hormones. Il est composé de deux bras complémentaires, le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique. www.neurocoach.fr

[11] Au XIXe siècle, connait l’accroissement de plaintes d’origine nerveuse où l’anxiété aigüe et chronique joue un rôle de plus en plus important. […] Bien que des symptômes d’anxiété aient été observés depuis longtemps, on considérait qu’ils faisaient partie des états de mélancolie, et ils étaient difficilement classés comme des troubles indépendants. Ce n’est qu’en 1879 que la psychiatrie a commencé à utiliser le terme technique de « panique mélancolique » (Pereira, 1997). Oliveira Dos Santos L., (2017) « Problématisation de l’apparition du trouble panique en psychiatrie » Nouvelle revue de Psychosociologie 2017/2 N°24 https://documentation.insp.gouv.fr/insp/doc/CAIRN/_b64_b2FpLWNhaXJuLmluZm8tTlJQXzAyNF8wMDgx/problematisation-de-l-apparition-du-trouble-panique-en-psychiatrie?_lg=fr-FR

[12] DSM-5 du 17/6/2015 : Le DSM-5, dernière et cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques (en anglais Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) de l'Association américaine de psychiatrie (APA, en anglais : American Psychiatric Association).

[13] Dans les années 1860, durant la guerre civile américaine, le médecin Jacob Da Costa s’est intéressé à un état clinique fréquent chez les soldats, qu’il a appelé « syndrome du cœur irritable » […] (ou névrose cardiaque), […] précurseur de ce que nous appelons aujourd’hui le « syndrome panique ». (Pereira, 1997). Oliveira Dos Santos L., (2017) « Problématisation de l’apparition du trouble panique en psychiatrie » Nouvelle revue de Psychosociologie 2017/2 N°24

[14] https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/sante-mentale/informer-sur-troubles-mentaux/troubles-mentaux/troubles-anxieux/trouble-panique-et-agoraphobie

[15] A ne pas confondre Spasmophilie, tétanie, épilepsie. Voir https://therapeutesmagazine.com/spasmophilie-tetanie-epilepsie-quelles-differences/

[16] La psychiatrie adopte la distinction entre Angoisse (du latin Angor), qui veut dire oppression et grande affliction, et anxiété (en latin anxietas), qui serait une prédisposition permanente.

[17] L’agora a d'abord désigné, dans la Grèce antique, une réunion de citoyens, ainsi que l'espace public où celle-ci a lieu. Cet espace public accueille plus généralement les activités sociales, politiques, commerciales, judiciaires ou encore religieuses de la cité. Le forum est l'équivalent romain de l'agora. Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Agora

[18] Lacan, J., « Le Séminaire » livre X, L’Angoisse, op. cit., p. 92 dans https://www.cairn.info/revue-la-cause-du-desir-2013-2-page-94.htm

 

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