Les dieux grecs étaient, pour la plupart, parents voire grands-parents, mais n’étaient pas tous justes et aimants avec leur progéniture. Bien au contraire, les récits mythologiques relatent la cruauté de certaines de ces divinités persécutrices et toutes puissantes, qui faisaient régner un climat de trouble et de terreur, tant aux cieux que sur les hommes, livrés à la merci de châtiments irrationnels et imprévisibles venus d’en haut.
Les dieux de l’Olympe évoluaient entre drame et démesure, dualité fratricide et vengeances, luttes pour le pouvoir suprême en renversant le père, ou en étant mangé par lui[1]. Entre tragédies et malédictions, Titans[2]et titanides[3] sont décrits comme appartenant à une époque faite de barbarie « des êtres pour qui la violence prime sur l’intelligence, convaincus de leur brutalité présomptueuse[4] ».
De Typhon, le « monstre cracheur de flammes » aux Erinyes, ces « déesses infernales, vampires que jamais n’approchent ni homme ni bête[5] », en passant par Cronos « le dieu aux pensées fourbes[6] » qui dévore ses enfants[7], ou encore les Cyclopes « au cœur violent », la mythologie grecque a engendré autant de monstres menaçants que de dieux vénérables ou déesses protectrices.
Mélanie vit aussi dans l'appréhension constante d’évènements imprévisibles, inévitables et incontrôlables qui lui tomberaient dessus. Technicienne de laboratoire expérimentée, Mélanie est la plus ancienne de son équipe. Pourtant, elle se sent souvent débordée par un sentiment de honte et d’imposture, un manque de confiance en elle l’handicapant pour évoluer professionnellement et intégrer un poste d’encadrement. Elle a l’impression d’être incapable de gérer ses responsabilités quotidiennes avec confiance et compétence.
Sa mère _ décédée il y a 10 ans dans un accident de la route _ avait instrumentalisé Mélanie pour en faire une employée de maison, corvéable, docile, invisible et surtout silencieuse. Elle évoque un manque de démonstrations affectives et des brimades. Son père, également décédé 4 ans auparavant, était un père froid et dénigrant, avec une addiction aux jeux d’argent. Mélanie évoque un premier mariage avec un conjoint qui l’accablait de reproches, un couple actuel en crise dans lequel elle dit « ne pas exister », de nombreuses angoisses et peurs irrationnelles comme celle « d’être à la rue », évincée professionnellement ou placardisée par la nouvelle DRH du groupe qu’elle craint, malgré son attitude avenante. Mélanie évoque pourtant son histoire avec fluidité, elle « sait » qu’elle a vécu ce qu'elle appelle « une enfance compliquée » mais ne « voit pas » ce qui l’enlise encore dans ces projections et ces situations.
Parent déifié[8]
Un parent bienveillant et prévisible est un dieu-bienfait (bien fait). Pour un petit enfant, les parents sont tout. Ce sont des dieux aimés et vénérés. Ils sont modèle à suivre, exemple, référence, figure de confiance et d’autorité, base de sécurité, havre de paix, source de réconfort et de chaleur. Ils comblent les besoins d’amour et de protection de leur enfant, de sécurité, de soins, de nourriture. Sans le parent et ses bons soins, l’enfant est en danger vital. C’est ce que D.W. Winnicott[9] résumait ainsi : « Un bébé seul, ça n’existe pas ». En grandissant dans la conviction que nos parents sont parfaits, nous nous sentons protégés et en sécurité, intérieurement et extérieurement.
Cependant, aucun parent n’est en réalité parfait. Si l’important n’est pas de chercher à être un parent parfait, toujours disponible et d’humeur égale, il convient comme l’explique D.W. Winnicott d’être « suffisamment bon », avec ponctuellement des imperfections ou déficiences. Être un parent suffisamment bon, c’est d’avoir la capacité de se remettre en question, de réfléchir à ses comportements, d’accepter de se tromper et de s'excuser si besoin avec sincérité, de pouvoir reconnaître une faiblesse, une insuffisance, une erreur, et peut-être de se faire conseiller ou accompagner. Mais il arrive que l’amour du ou des parents ne soit pas inconditionnel et contienne un lourd prix émotionnel à payer.
L’Anamour[10]
Si les grecs ne savaient pas quand la foudre des dieux allait s’abattre sur eux, ils savaient qu’elle finirait par tomber.
Un parent imprévisible et dévalorisant est un parent-nocif ou toxique. Plus globalement, toute relation qui engendre de la souffrance est une relation toxique. Un parent malveillant pour son enfant utilisera la violence physique et/ou l’autorité forcée. La maltraitance s’exprime en actes ; elle provient parfois de la malveillance, qui est issue des pensées. L'inverse de la maltraitance, c'est la bientraitance ; celui de la malveillance est la bienveillance. Un enfant doit pouvoir grandir et se construire dans la bienveillance et la bientraitance.
Rappelons que pour le Code civil, « L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques[11] ». Malheureusement il arrive que certains parents aient une attitude coercitive[12] sur l’enfant, attitude qui leur semble pourtant tout à fait justifiée, « pour le redresser, le mater, l'éduquer, le cadrer, lui apprendre, le faire obéir, le faire écouter... ». Quand ils s’expriment, ces parents détiennent la vérité et leurs enfants n’ont pas souvent le droit de penser par eux-mêmes.
Comme dans la mythologie grecque, la Rome antique admettait volontiers les châtiments arbitraires sur l’enfant « incapable de se corriger pour son bien » : Dans un très intéressant article « Le père, l'enfant, les coups et la mort à Rome[13]» Pierre Cordier[14] y relate les brutalités admises et juridiquement autorisées dans la Domus[15] romaine. « La justification morale des coups est fournie par Sénèque[16] ; on frappe les enfants aussi longtemps qu'ils n'agissent point par caractère raisonnable (ingenio), mais par crainte[17](formidine).
Qu’elles soient dues à la maltraitance physique, à la négligence, au délaissement affectif ou éducatif, les souffrances provoquées _ consciemment ou inconsciemment, volontairement ou involontairement _ par le parent-toxique, entravent voire ruinent le bon développement psychique et physique de l'enfant. Et même si de nos jours, le parent coercitif est conscient de son comportement, il ne l'est pas forcément de son caractère toxique. En cela il s’estime juste, rationnel, légitime.
Enfant dénié, enfant réifié[18]
A la maltraitance physique peut se superposer la maltraitance psychologique. Humiliations, critiques répétées, moqueries, plaisanteries déplacées, brimades, dévalorisations en tout genre, jugements constants, l’enfant suivra les rails psychiques tracés par le parent, le conduisant à s’identifier à l’image qu’on lui renvoie, convaincu d’être mauvais, insuffisant ou indigne, créant un mal-être grandissant à l’âge adulte.
Un parent toxique ne sait malheureusement pas accueillir les émotions de son enfant, il ne s’excuse pas. Il impose son point de vue à son enfant, ne l’écoute pas dans ses besoins et ses désirs, est possessif, lui fait subir un contrôle excessif, altère l’estime de lui-même, y compris à l’âge adulte : « Tu es bien comme ton père », « tu finiras comme ta mère », « tu es incapable », « qu’est-ce qu’on va faire de toi », « c’est bien, mais tu aurais pu… » etc.
Protéger l’enfant, c’est aussi protéger le futur adulte, car être élevé par un parent émotionnellement indisponible ou mal-aimant laisse des séquelles, un attachement[19] peu assuré, des blocages dans des scénarios relationnels rigides et des défaillances de lien. Pour prolonger leur emprise les parents-toxiques auront souvent tendance à appuyer là où ça fait mal, parfois même avec leur enfant devenu adulte, des failles ainsi inlassablement entretenues. Ces adultes sont envahis par la culpabilité et un sentiment d’incompétence, avec une image d’eux-mêmes dégradée.
Soulignons que le « manque de confiance en soi » est l’un des motifs les plus courants de consultation au cabinet.
Tout le monde
Un mécanisme de défense consiste à donner une explication rationnelle à l’irrationnel ; à rendre l’inacceptable acceptable. Il y a les « parce que », et les « comme tout le monde » ou « tous les parents », ou encore le « comme dans toutes les familles ». Ce procédé se nomme la rationalisation. Cela consiste à donner une logique à la violence et à l’environnement malaisant.
Pour un enfant, s’il arrive quelque chose de négatif dans la famille, c’est qu’il y est pour quelque chose ou pour beaucoup. Ainsi il est déclamé que l’on était « livré à soi-même parce que le parent était très malheureux », ou « qu’il a eu des abus sexuels parce que… » mais « qu’on ne lui en veut plus parce que… ».
La dénégation[20] et la rationalisation[21] sont des mécanismes de défense, comme le refoulement, un processus psychique inconscient qui permet de repousser tout ce qui semble inacceptable pour l'esprit conscient. Dangereuse est donc la prise de conscience de la réalité.
Ainsi, à l'instar des personnes victimes de troubles de stress post-traumatiques, les enfants-adultes minimisent l’impact du vécu traumatique. Certains plaisantent même d’expériences pénibles, pour défendre coute que coute l’image fictive du ou des parents.
Les mécanismes de défense agissent comme un anesthésique, mais dont l’action sédative n’est que temporaire ; la souffrance est toujours là et s’amplifie avec le temps. « J’ai eu une enfance classique », « des parents formidables », « j’ai été vraiment aimé(e)», « des parents courageux et qui travaillent beaucoup », « dans le fond, ils ont été supers », « ils ont pas eu le choix », « à d’autres moments, ma mère est quelqu’un de gentil », des remarques significatives de rationalisation qui émaillent le discours de Mélanie et d’autres patients au début de leur thérapie.
D’un côté les enfants de parents toxiques devenus adultes refoulent les sentiments et évènements qui ont été, jusqu’à oublier que ces évènements aient même existé. Du côté du parent, le temps et la dénégation provoquent également une distorsion du récit, où ce qui s’est passé est minimisé, dérisoire, voire pas arrivé du tout.
Comme ça, tout le monde est d’accord.
Faut-il jeter les parents avec l'eau du bain ?[22]
Je rencontre au cabinet des adultes qui ont du mal à se détendre, à être spontanés ou enjoués, qui ressentent un sentiment d’imposture, d’échec, un complexe d’infériorité, redoutent le pire venant d’autrui, ou se retrouvent en situation de dépendance affective, se sentent tristes ou furieux sans raison manifeste. La vie personnelle ou professionnelle de ces adultes semble influencée voire contrôlée par des schémas de comportement provenant de conduites imposées durant l’enfance. Des parents destructeurs émotionnellement peuvent engendrer des traumatismes chez leurs enfants, leur inculquer des croyances dites “limitantes” et des schémas dysfonctionnels répétitifs.
Ces parents qui n’ont probablement pas eu d’enfance eux-mêmes. Ils n’ont pas eu la possibilité de grandir à leur rythme dans une atmosphère chaleureuse et respectueuse, de se reposer sur des adultes bienveillants et à l’écoute, se développer sainement dans la sécurité affective. Car le développement d’un enfant et la construction de sa sécurité affective intérieure se base en grande partie sur le processus d’observation et d’imitation. Ces enfants devenus adultes connaissent une répétition de cette nocivité, restent en grande souffrance dans leurs relations, et peuvent à leur tour transmettre cette nocivité.
Nombre d’adultes ne semblent pas faire de lien entre un comportement autodestructeur, des complexes, une culpabilité envahissante, le sabotage de leur vie, et le milieu familial dans lequel ils ont baignés durant leur enfance. N’ayant aucune idée de ce à quoi ressemble un parent aimant et bienveillant, l’enfant d'un parent toxique lisse les évènements pour les rendre acceptables et sans aspérité. Jusqu'à accepter que pour avoir de bons moments avec son père ou sa mère _ et aujourd’hui avec son conjoint _ il faut accepter de mauvais moments en attendant les bons. Le lien psychologique qui associe amour et nocivité est si bien ficelé, qu’il fait que l’un va inévitablement avec l’autre. Le conjoint _ comme précédemment le parent _ est tantôt terrifiant ou imprévisible, tantôt sécurisant.
Le mythe du parent-parfait
Lorsqu’on sacralise le parent _ vivant ou à fortiori décédé _ on choisit de vivre selon la vision plus ou moins déformée de la réalité appartenant à ce parent. Faire descendre le parent du piédestal sur lequel on l’a placé est une étape indispensable pour intégrer la souffrance comme faisant partie de sa vie d’enfant, souffrance que l’on a niée et fini par stériliser.
Quand la maltraitance parentale ne se voit pas à l’extérieur de la famille, ces enfants ne peuvent être reconnus dans leur vécu douloureux, et la « toxicité » de leurs parents non reconnue. Les blessures n’en sont pas moins réelles et profondes, mais sans laisser de trace apparente, y compris pour le sujet lui-même qui relativise parfois à l’extrême et déclare comme Mélanie, « Oui, mais il y a plus grave quand même ».
En effet, il est difficile voire inacceptable de se rendre compte qu’un parent ou les deux ont été ou sont toxiques. Les enfants de parents toxiques se sentent eux-mêmes responsables, voire coupables des abus de leur parent. Ils intègrent le fait d’avoir été « difficile », « dur », d’avoir fait quelque chose de mal, de mériter la sanction de maman ou de papa. Ces adultes qui n’ont pas été validés émotionnellement vont montrer des réactions excessives dans certaines situations, car leur capacité à gérer leurs émotions est fréquemment basse.
Batiste a connu la maltraitance de son père toute son enfance. Il n’a pas été protégé ou mis à l’abri du domicile par sa mère, alors qu’il y subissait sévices, cris et insultes, une mère pourtant très impliquée dans de nombreuses associations caritatives et locales. Marié, père de 2 garçons, il reconnait avoir un couple conjugal « à transactions violentes »[23] et une jalousie extrême. La thérapie lui a permis de prendre conscience de son angoisse, son origine dans un passé infantile douloureux et les incidences sur son développement affectif d’adulte. Baptiste avait peur de son père _ instable et imprévisible _ et il comprend que ses expériences infantiles malheureuses se sont rejouées et réactualisées dans sa problématique actuelle de couple conflictuel. De blessé il est devenu blessant à son tour en tant que parent, violent psychologiquement par cris et menaces envers ses propres fils, une discipline qu’il croyait être « pour leur bien ». Si pour Baptiste prendre conscience qu’il reproduit le fonctionnement de son père agressif et hostile _ qu’il aime et déteste à la fois _ est terrible, le plus difficile aura été de porter un regard juste sur sa « pauvre-mère », une mère passive qui le laissait seul face à ce père qui le terrifiait, une mère qu’il continue à protéger de ses responsabilités de ne pas l’avoir protégé d’une violence physique et psychologique inacceptable.
Papa, maman, je vous haime[24]
L’éducation parentale, lorsqu’elle est émaillée de menaces, d’intimidation et d’ultimatum est une « pédagogie noire », une expression d’Alice Miller[25] tirée du best-seller « C’est pour ton bien – Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant ». Elle enjoint l’adulte, enfant de parent-toxique d’un « Ouvrez les yeux[26] » : « Ouvrez les yeux sur ce que vous avez subi étant enfant. Nous bâtissons de hautes murailles pour nous protéger de la douloureuse histoire de notre propre enfance.(…) Il n'est pas vrai _ écrit Alice Miller _ que le mal, la destruction, la perversion fassent nécessairement partie de l'existence humaine, même si on le répète sans arrêt. Mais il est vrai que le mal se reproduit sans cesse, et qu'il engendre pour des millions d'êtres humains un océan de souffrance qui pourrait être évité. »
S’il est plus facile de reconnaitre l’abus dans des coups portés, il est bien pour autant plus délicat d’amener la personne à prendre conscience des abus par mensonge, dénigrement, mutisme, chantage affectif, manque d'empathie, amour conditionnel[27], critique ou culpabilisation.
D’ailleurs, le parent incompétent, déficient ou abusif engendrera pitié ou compassion à son égard. En se victimisant, il transfère tout ou partie de ses responsabilités à l’enfant, qui grandissant trop vite se voit ainsi amputé d’une partie de son enfance. « Les gens qui ont l’impression qu’ils ont dû mériter l’amour de leurs parents ont tendance à se sentir minables. » comme nous dit abruptement Alfie Kohn[28].
Ici, c'est la victime du crime qui trouve des excuses au criminel.
Une personne qui a grandi dans une famille dysfonctionnelle ou toxique, peut _ en étant accompagnée _ se rendre compte des obstacles qu'elle doit surmonter dans sa vie d’adulte et apprendre à s’en dégager. Le travail de la thérapie est d’aider ces personnes à comprendre pourquoi les maltraitances _ physiques ou psychologiques _ dont elles ont souffert enfant, ont encore un puissant impact négatif sur leur vie d’aujourd’hui. Ce travail sera plus ou moins long, l’une des étapes indispensables étant d'évacuer les idéaux de l’enfance. Car la destruction de l’image d’Épinal des parents-parfaits, telle qu’elle était perçue jusque-là laisse un gout amer. Les défenses inconscientes qui empêchaient de voir et de sentir, font inévitablement place à la confusion. Le prix émotionnel de la prise de conscience est réel mais incontournable et nécessaire. Il permettra de libérer le « moi-enfant », condamné jusque-là à l’exil au fond de l’inconscient, cet enfant dont l’adulte essayait de se débarrasser pour tenir éloignée la souffrance émotionnelle.
Au fond de chaque adulte se cache un enfant. Chez l’adulte-enfant d’un parent toxique, c’est un enfant terrifié, dévalorisé et impuissant, victime ou témoin de brimades et mauvais traitements. Pour aller plus loin, je recommande l’ouvrage dont cet article est notamment inspiré, « Parents-toxiques, comment échapper à leur emprise » de Susan Forward[29].
L’objet de l’article n’est pas de tomber dans l’excès d’accusation du « mauvais » parent, qui serait toujours coupable. Mais si nous ne sommes pas responsables de ce que l’on nous a fait vivre enfant, nous sommes responsables de notre vie, et de ce que l’on en fait aujourd’hui. Nous restons décisionnaires de se choisir, d'évoluer pour sortir des dynamiques nuisibles en étant soutenu.
--- Marie-Christine Abatte---
Psychologue & thérapeute
[1] Dieux et Titans, Le conflit entre Zeus et la destinée dans Eschyle – Persée.fr
[2] Pour Daniel E. Gershenson, l'étymologie du nom Titan est probablement « celui qui habite dans les cieux » - Wikipedia
[3] Divinités primordiales aux dieux olympiens
[4] Dieux et Titans, Le conflit entre Zeus et la destinée dans Eschyle – Persée.fr
[5] Ibid
[6] Selon Homère et Hésiode, Cronos est le dieu « aux pensées fourbes » ou « à l’esprit retors », et qui hait son père.
[7] Cronos dévore chacun de ses enfants au fur et à mesure qu'ils naissent : Hestia, Déméter et Héra, puis Hadès et Poséidon sont ainsi avalés par Cronos. Lorsque arrive le sixième, Rhéa, sur le conseil de sa mère Gaïa, cache l'enfant en Crète et le remplace par une pierre que Cronos engloutit directement.
[8] Déifier : Considérer (qqn, qqch.) comme un dieu ; adorer comme un être inaccessible. (Dictionnaire Le Petit Robert)
[9] Donald W. Winnicott (1896-1971) est un pédiatre et psychanalyste britannique.
[10] Gainsbourg écrit « L’anamour » titre de la chanson de 1969 « est un beau néologisme, « L’anamour », variante javanaise qui ajoute un privatif à l’amour tout en utilisant un préfixe grec, ana, indiquant un renversement mais également un mouvement vers le haut ou en arrière. L’anamour n’est donc pas simplement l’absence d’amour, mais un sentiment fait d’amour et de haine qui élève celui qui l’éprouve. » Marcel Sanguet « Familles, je vous haime » Dans Spirale 2014/3 (N° 71)
[11] Article 371-1 du Code Civil www.legifrance.gouv.fr
[12] Coercitif : Qui exerce une contrainte. Dictionnaire Le Robert
[13] “Les victimes, des oubliées de l’Histoire ? ” Sous la direction de Benoit Garnot, PUR Presses universitaires de Rennes
[14] Maître de conférences, Université de Poitiers.
[15] Domus (latin) est la maison ou demeure, une habitation urbaine unifamiliale de l'antiquité romaine. Voir C. Fayer, La Familia Romana. Aspetti Giuridici ed antiquari, Parte prima, Rome, 1994.
[16] Sénèque, philosophe stoïcien (-4 av JC – 65 après JC)
[17] Le père, pater familias est le gardien de la domestica disciplina, discipline domestique. S’il existe une « réprobation et pénalisation des sévices excessifs [ils] vont paradoxalement de pair avec l'idée que le recours aux coups, voire la mise à mort, reste une expression normale de la puissance paternelle.
[18] Réifié : Transformé en chose, Dictionnaire Le Robert
[19] La théorie de l'attachement est un champ de la psychologie qui traite d'un aspect spécifique des relations entre êtres humains.
[20] En psychologie, les mécanismes de défense interviennent dans le mécanisme des névroses. La dénégation désigne un procédé par lequel un sujet résiste ou refuse d'admettre la vérité.
[21] La rationalisation est définie dans la tradition freudienne, comme un procédé par lequel le sujet cherche à donner une explication cohérente, du point de vue logique, ou acceptable, à une attitude, une idée, un sentiment etc., dont les motifs véritables ne sont pas aperçus (Selon Laplanche et Pontalis). Ella agit comme un camouflage, des divers éléments du conflit psychique, pour justifier l'injustifiable.
[22] Titre de l’article « Parents toxiques : faut-il jeter les parents avec l'eau du bain ? » Cairn Kathy Humbert-FoichatDans Spirale 2014/3 (N° 71)
« Jeter le bébé avec l’eau du bain », cette locution imagée puiserait ses origines dans les rituels liés à la question du bain : Jusqu’à la fin du XIXe siècle se laver n’était pas courant et l’accès à l’eau potable restreint. Lorsque la vasque était remplie d'eau claire, c'est le père ou le chef de famille qui se lavait en premier. Venaient ensuite les aînés mâles, puis les femmes, pour finir par le bébé. A mesure, l'eau était noircie par la saleté, il fallait alors prendre garde à ne pas oublier le petit dernier dedans.
[23] Voir CNP Centre neuchâtelois de psychiatrie
[24] « C’est pour cette raison que l’on prend beaucoup de plaisir à lire certains poètes ou écrivains dont le génie permet d’exprimer ce que nous avons refoulé loin dans nos inconscients, nous redécouvrons alors simplement des pensées enfouies dans la formule de Gide, « Familles je vous hais », ou dans le règlement de compte de Kafka, Lettre au père. » Marcel Sanguet « Familles, je vous haime » Dans Spirale 2014/3 (N° 71),
[25] Alice Miller (1923-2010) a exercé la psychanalyse jusqu'en 1980 avant de se consacrer entièrement à ses recherches sur l'enfance. Traduite dans le monde entier, elle est l'auteur de nombreux ouvrages sur les causes et les conséquences des mauvais traitements infligés aux enfants.
[26] Miller Alice, (2018) « La connaissance interdite : Affronter les blessures de l'enfance dans la thérapie » Flammarion
[27] L’amour conditionnel est une forme de manipulation mentale parce que l'objectif est de faire en sorte que les enfants se sentent coupables s'ils font quelque chose de contraire aux souhaits ou attentes de leurs parents. Voir l’article « L’amour conditionnel est une manipulation mentale (l’amour ne devrait jamais se mériter ou être utilisé pour contrôler) »
[28] Alfie Kohn « Le Mythe de l'enfant gâté ». Auteur américain, Alfie Kohn intervient dans les domaines de l'éducation, de la psychologie et de la parentalité. Time magazine le décrit comme le critique américain ayant « le plus honnêtement et le plus vivement, dénoncé les notes et la compétition à l'école ». Alfie Kohn est également reconnu pour ses travaux de recherche sur la parentalité et les schémas traditionnels d'éducation via les systèmes de punitions et récompenses.
[29] « Parents-toxiques, comment échapper à leur emprise » de Susan Forward (Marabout). Susan Forward, psychothérapeute américaine, auteure également de « Ces mères qui ne savent pas aimer » (Marabout) dont il faut prévenir le lecteur de l’approche américaine qui peut heurter le lecteur, patient ou thérapeute français par la radicalité des méthodes thérapeutiques pratiquées aux Etats-Unis.